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Picot Camille
24 mars 2014

Love & Money & Souls & Buffet Froid

Le week-end dernier (le 14-15-16) fut sous le signe de la culture. Théâtre, danse et film.

Love & Money, d'abord. Un vaste programme.

Deux sujets sur lesquels je n'ai pas de vaine.

© Stéphane TrapierIl y avait un gars dans ma classe qui avait passé une scène au semestre dernier. Avec une fille. J'avais aimé la langue, brute et directe. Parsemée de "Putain", de "Merde", pleines d'hésitations et de reprises.

En cherchant une pièce à aller voir avec un monsieur, je suis tombée sur un de ces prospectus. Je me suis dit "Banco".

Il y a d'abord un monologue, compliqué, abstrait. Peut-être aussi est-ce de ma faute, j'étais un peu déconcentrée par mon voisin, Monsieur. On assiste à l'accident entre une voiture téléguidée et une poupée en plastique. Puis David ( le beau Guillaume Laloux) arrive, un échange de mail qu'il nous livre. Des vidéos sont projetées derrière, parking, vu subjective de conducteur, date du mail. Je ne suis pas très fan de la vidéo. Je trouve qu'elle a souvent un côté accessoire gadget. Ici elle est plutôt bien utilisé, bien que loin d'être indispensable. Le monologue de David m'a semblé correct. Peut-être que ça aurait pu être mieux. Monsieur lui n'a pas aimé. Mais il faut avouer que l'exercice est difficile. David échange avec une française, une passade qui tiraille la mort récente de la femme de David, Jess (Superbe Julie Pilod).

Love & Money, toute la pièce tiens dans le titre. Sujets universels et intemporels. Voir épuisés jusqu'à la moelle. Mais Dennis Kelly à l'intelligence de mêler les deux. Jess est atteinte de fièvre acheteuse, l'amour d'elle-même est défini par l'argent qu'elle dépense, les dettes croulent sur le couple qu'elle forme avec David. Leur amour s'en trouve entaché. L'amour est souvent lié à l'argent. Que ce soit pour les parents qui enterrent leur enfant (la taille et la magnificence de la tombe), un homme qui propose des prêts (l'argent gagné face au bonheur), une carriériste qui se sert de l'argent pour appâter un ancien amant, un producteur pour une jeune naïve, etc

J'ai beaucoup aimé l'atmosphère travaillée. En général, le parti pris que la réalité est un cauchemard ou petit à petit on s'enfonce. Comme on s'endette. Après il y a un côté jouissif certes mais parfois "too much". Ce n'est jamais un dérapage total, mais ça manque parfois de finesse. Je pense que quand on a un texte aussi fort et une situation aussi poignante, ça ne sert à rien d'en rajouter sur le côté trash. Ou alors pas aussi grossièrement (main ensanglantée, sodomie de lapin-médecin, etc). Surtout que si la pièce a quelques hauts et quelques bas, la dernière scène est très belle. Très simple. Un monologue tenu de bout en bout par une Julie Pilod parfaite. Les autres comédiens, Laurant Papot, Irina Solano sont très bien aussi, mais ils irradient moins dans cette pièce, peut-être parce qu'ils n'ont pas d'aussi belle scène. Bien que moi j'ai un chouchou, Gilles Ostrowsky, que j'adore depuis que je l'ai vu dans La Nuit des Rois de Rabeux. Et dans cette pièce, il est chouette.

Love & Money est au théâtre du rond point jusqu'au 6 avril. Si vous aimez le théâtre "in-yer-face" allez-y.

 

Dimanche soir, c'était danse. Avec Souls d'Olivier Dubois, dont j'avais déjà vu un spectacle. Ce que j'aime dans ces deux œuvres c'est l'utilisation de la danse comme un langage d'abord, pas forcement comme une performance physique. Et un langage accessible. Qui que vous soyez. Dès que vous rentrez dans la salle, comme pour Tragedy, un son électro qui évoque les tambours rempli la salle. Les tambours sont accélérés. Ils m'évoque un rythme de guerre.

 

"Par la mort, j'affirme mon vivant.

Une lente et écrasante traversée...celle de nos âmes.

Annonciatrices de mon vivant - animatrices et déjà révélatrices de ma mort.

Souls est peut-être une longue danse macabre, à moins que ce ne soit celle d'une organisation secrète: celle du destin, de la fatalité...du déterminisme?

Cette mort comme âme du monde."

Olivier Dubois

 

Il y a six danseurs qui viennent de tous les coins de l'Afrique. Il y a au sol un carré noir, rempli de sable. Les danseurs sont allongés dans la sable, trois d'un côté, trois de l'autre. Il y a un coté où les danseurs sont ensablés. Ceux-ci commence à rouler, ils traversent la scène jusqu'à la rencontre avec les autres danseurs. Ils y a beaucoup d'images. J'y ai vu l'esclavage, la guerre, l'entraide, les frontières, les contraintes, l'abattement, le temps qui passe, les rites, les prises de pouvoir et tant d'autres.

La pièce est courte et à mon avis plus simple que Tragedy. Même si vous n'avez aucune notion de danse, c'est complètement accessible. Je ne sais pas si elle repasse sur Paris, mais Olivier Dubois dirige depuis le 1er janvier, le Centre Chorégraphique National de Roubaix Nord-Pas-de-Calais. Si vous avez l'occasion...

Entre les deux j'ai regardé Buffet Froid. je ne l'avais pas vu. Ou si, j'avais du tomber dessus ado sans savoir ce que c'était, mais je n'avais pas accrochée. On ne tombe pas comme ça dans Buffet Froid, on choisi.

"Et quand ça commence à sentir le tabac, ça veut dire que ça va bientôt sentir le roussi. J'aime pas beaucoup ça."

J'ai adoré. La multitude de phrases à encadrer, les acteurs, le scénario complètement fou. Un pilier à voir.

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