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Picot Camille
1 mai 2014

Tom à la ferme

Mon Bff aime bien Xavier Dolan, il m'avait emmené voir Laurence Anyways. J'avais adoré. Malgré quelques longueurs et quelques passages "clips" qui n'apportent rien si ce n'est de belle images. Alors pour son deuxième visionnage de Tom à la Ferme, le Bff m'a emmené! Bonheur!

Tom-a-la-Ferme-de-Xavier-Dolan-Photo-c-Clara-Palardy

C'est l'histoire de Tom (Xavier Dolan lui-même) qui va à la ferme. La ferme de son copain, de son amoureux, du mec de sa vie, Guillaume, qui est mort. Il y a peu dans un accident de voiture. Tom se déplace donc dans sa "belle" famille pour les funérailles. Dans la campagne profonde, sans réseau, où se déplacer sans voiture est impossible. Tom arrive et la ferme est vide. Seules les vaches sont présentes. Tom rentre dans la maison. C'est un gars de la ville en cuir serré et en jean slim. Un jeune publicitaire parmi les rats des champs.

Dans la maison il y a la mère (Lise Roy). Elle ne crie pas en découvrant Tom qui dort sur sa table de cuisine, elle l'invite à manger. Puis vient le frère (Pierre-Yves Cardinal). Il s'occupe de la ferme depuis que son père est mort. Le frère, Francis, a tout caché de la vie de Guillaume à sa mère. Elle le pense hétéro, casé avec une fille qui fume beaucoup et qui mange beaucoup des pâtes. Tout le film tourne entre la relation entre Tom et Francis.

TOM A LA FERME Bande Annonce

 

Tom à la ferme est à la base une pièce de Michel Marc Bouchard, qu'à mon grand regret je n'ai ni vu, ni lu. J'aimerai bien savoir comment Xavier Dolan s'est débrouillé dans l'adaptation.

J'ai énormément aimé ce film, ce qui lui vaut d'être classé parmi les Flash Love. Car c'est un film qui, à mon sens, à une vrai identité doublée d'une forte intelligence. Rien n'est gratuit et tout est en finesse.

Les acteurs sont très bons, je suis subjuguée par le jeu de Pierre-Yves Cardinal. Et les personnages sont riches en nuances ce qui les rends à la fois crédibles et à la fois flippants. On ne sait jamais ce que telle parole ou tel acte va déclencher chez eux. Et chaque personnage ne sait jamais non plus comment l'autre va réagir. Et ce qui est très bien fait et très intelligent, c'est qu'au début du film, nous,public, nous nous identifions à Tom. Nous découvrons en même temps que lui la ferme et ses occupants. Ces émotions sont les nôtres, ces réactions aussi. Et puis à un moment (je dirais avec l'arrivée du quatrième personnage pour ne pas trop spoiler) on se rend compte qu'il est devenu aussi flippant que Francis. Sans qu'on s'en soit aperçu. Et quand je vois le nombre de personnage sans nuance qu'on croise sur nos écrans, c'est une bouffée d'air frais.

La photographie est très belle, comme toujours dans les films de Dolan. L'image est travaillée. Très simplement. Avec la lumière surtout, chaque scène a ainsi la couleur que la lumière lui donne. Par exemple une scène de danse dans une grange est sublimé par une lumière de fin d'après-midi, un reste de soleil qui passe par les vitres épaisses de la grange. Xavier Dolan laisse faire l'alchimie de la lumière, des plans, de la musique pour donner une lecture personnelle à la scène. Lecture qui pourrait être différente, complètement. Même le cadrage est bien pensé. Sans qu'il soit un effet de style, il sert complètement le propos. Comme dans la scène ou la mère décide de faire un apéro à coup de cognac, celui caché dans sa chambre. La scène début sur un plan assez large pour qu'on voit les quatre personnages assis autour de la table basse de salon. Le reste de la scène, qui est essentiellement dialoguée, est une succession de gros plans sur les visages des quatre protagonistes. Ainsi un apéro de salon gagne la tension d'une scène de duel au revolver. En parcourant rapidement les titres de ce que Google me proposait pour Tom à la ferme, un suggérait le lien entre Xavier Dolan et Alfred Hitchcock pour ce film. Et je suis assez d'accord. Hitchcock a l'art de créer des personnages troubles dont on ne sait rarement le fond de la pensé. Il y a de ça dans Tom à la ferme.

J'aime énormément ce cinéma simple, sans fioriture , et qui dit beaucoup avec peu. C'est peut-être en ça que Tom à la ferme me semble plus aboutit que Laurence Anyways. Il est plus concret dans la réalisation, s'affranchissant de la recherche d'ambiance un peu clip qui lui pesait dans Laurence. Mais si je trouve que l'histoire de Laurence est merveilleuse et que je reste scotchée quand même. Tom à la ferme est la preuve qu'on peut faire un cinéma aussi intelligent qu'instinctif, une œuvre ouverte où chacun cherche sa version. En sortant avec mon Bff, nous comparions ce que nous avions compris, les scénarios que nous avions élaborés du passé. Et c'était complètement différent. Sur la culpabilité de Francis, de la mère. C'est déjà très agréable d'avoir un réalisateur qui prend les spectateurs pour des êtres intelligents, mais en plus il leur offre le film. Chacun peut se l'acaparer. Et ça pour moi c'est une des définitions de l'art.

 

De toute façon commencer un film par Michel Legrand et le finir par Rufus Wainwright, c'est me considérer déjà comme acquise.

Le site du film !

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