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Picot Camille
7 mai 2014

Tout mon amour va à Ludovic Debeurme

Encore une fois je traînait dans le rayonnage des nouveautés de la bibliothèque. Encore une fois. Je crois que je ne voulais rien prendre. Parce que j'ai déjà pleins de livres à finir. Mais mes yeux, ces barbares, se sont arrêté sur une jolie couverture grise. Ocean Park Ludovic Debeurme. Mon cœur a fait un bon.

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Ludovic Debeurme est l'auteur de Lucille, une roman graphique que j'ai portée aux nues. Un flash love qui m'a extrait de la réalité pendant toute la lecture. Ou presque. Je ne suis revenue au monde que parce que le manque d'afflut sanguin me donnait des fourmis dans le bras. Lucille, je ne peux pas en parler. Parce que je l'aime trop. J'ai même du mal à le relire, de peur de perdre quelque chose. Mais lisez-le! Parce qu'il est génial! Des dessins à l'histoire, des personnages au quotidien rapporté.

Alors quand j'ai vu que Ludovic Debeurme se mettait à l'écriture, imaginez ma joie.

Ocean Park nous livre l'histoire de deux frères. L'un (le cadet) est un érotomane parisien et l'autre (l'aîné) est un SDF parcourant le monde. Le livre commence sur l'enfance des frères, du point de vue du cadet, de leur vacances dans la maison de leur grand-mère, posée près de l'océan sur une falaise abrupte. Les enfants grandissent, leurs parents les abandonnent à peine autonomes. On suit le cadet, son avis, ses virés nocturnes. Jusqu'à ce que son père l'appelle pour lui demander de venir voir, lui et son frère, leur mère mourante.

Debeurme sait peindre les névroses. Déjà dans Lucille. Debeurme sait mettre l'ambiance. Un mood bizarre où l'extrême beauté rejoint la laideur la plus affreuse. Où les corps se déforment, tellement l'interieur est pourri. Et j'adore ça!

"Je n'ai plus répondu à ses appels téléphoniques. Je n'ai pas écouté ses messages. J'imaginais assez bien que l'étonnement à la tristesse, elle en étais venue à la colère, et que ce qu'elle laissait à mon intention sur le répondeur devait dégueuler de méchanceté. J'éprouvais pour moi-même suffisamment de mépris. Je n'aurais pas supporté d'en entendre davantage. Mais, plus encore, le souvenir même du son de sa voix m'horripilait. Je tenais à l'oublier consciencieusement."

J'aime Debeurme pour son univers qui ne ressemble à aucun autre. Son style, très simple, oscille entre le sacré (la profondeur de l'âme) et le profane (les viscères). J'aime Debeurme parce qu'il assume ça. Ces défauts qui nous rendent plus humains que nos qualités. Parce que moi, les défauts c'est ce que je préfère!

J'aime aussi ce livre, parce qu'il nous donne sans nous prendre pour des débiles. Et moi j'aime bien qu'on ne me prenne pas pour une idiote, vous le savez. Au cours du roman, nous avons tour à tour comme narrateur l'un ou l'autre des frères. Sans jamais que ce ne soit souligné qui est ce "je". Il n'y a pas de nom, d'indication de changement. Rien. Pas de moyen de préparer le changement dans notre cerveau. Et c'est chouette. Parce que le changement vous le ressentez dans vos tripes, un peu malgré vous.C'est tout votre être qui change sans le savoir suivant que vous êtes l'un ou l'autre des frères. Bon moi je suis particulièrement sensible à ça. Mais je pense quand même que c'est un truc un peu commun à tous. Comme dans un jeu vidéo, où chaque personnage à des caractéristiques différentes et vous devez alterner entre l'un et l'autre pour avancer. Ou un peu comme les X-men (dans deux semaines!).

Et ce qui fait que ça fonctionne c'est que les deux narrateurs sont traité avec énormément de respect et de sérieux. L'aîné, le plus spécial, par exemple. Il est à la recherche de l'Envol. La capacité de voler. Et c'est une grande force de Debeurme, c'est la façon dont il insère du fantastique dans la réalité. Par petites touches. Et ça fonctionne.

Je pense que c'est ce que j'attends d'un livre, ou de n'importe quelle autre forme d'œuvre, de ne jamais être dans un extrême, quelqu'il soit. Mais de naviguer entre. Et Ludovic Debeurme y parvient à merveille. Je vous conseille bien évidement ce livre, Lucille aussi pour commencer, parce qu'il me semble moins "bizarre" que ces autres écrits. Mais tous les autres je vous les conseille aussi! Si vous aimez ce côté un peu inquiétant de la réalité.

Tout mon amour va donc à Ludovic Debeurme.

 

On parle aussi de ce livre sur le tour du nombril, les livres de Melisande et France Culture.

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